5 questions sur HARMI* : Les réponses de Laurent Philippot - COMUE Université Bourgogne-Franche-Comté

5 questions sur HARMI* : Les réponses de Laurent Philippot

[Publié le 14/12/2021]

« Pour être compétitive, la recherche doit être décloisonnée et multidisciplinaire. » – Laurent Philippot

Le projet HARMI qui étudie les communautés microbiennes vient d’être nommé lauréat de l’appel à projet ExcellenceS. Vous en êtes le porteur. Comment vivez-vous cette récompense ?

Je suis très content pour la recherche en Bourgogne-Franche-Comté. A titre personnel, je suis évidemment très satisfait mais pour être tout à fait franc avec vous, je suis aussi un peu stressé ! Au-delà des projets d’équipe et d’unité, je porte 5 projets européens et 3 ANR – qui représentent un peu moins de 2 millions d’euro. S’ajoute donc à la liste, HARMI ! Avec l’évaluation du laboratoire qui arrive (Hcéres), il est clair que le mot clef qui va définir les prochains mois est organisation !

Comment s’est construit le projet HARMI ?

D’abord, sur des coups de téléphone de la part de la présidente du centre INRAE de Dijon, Nathalie Munier Jolain, et du président d’UBFC, Dominique Grevey ! Tous deux m’ont contacté car ils souhaitaient répondre à l’appel à projet ExcellenceS avec une soumission sur les écosystèmes microbiens. Ils souhaitaient que j’en sois le porteur, en collaboration avec Bertrand SCHMITT (porteur de l’axe 2 ISITE-BFC). Fait très rare, et ce, même à l’étranger : en Bourgogne-Franche-Comté, on trouve toutes les disciplines scientifiques « microbiennes » liées aux objectifs de développement durables de l’ONU (agriculture, environnement, santé et alimentation).

Pour répondre à l’appel à projet, j’ai alors rassemblé plusieurs chercheurs issus de laboratoires** du site UBFC dont les thématiques couvraient les domaines scientifiques d’HARMI. Cette équipe a eu un effet en cascade et a permis de fédérer 250 chercheurs ! Pour augmenter nos chances de réussite, nous avons été épaulés par un cabinet de consultants. Ce furent 3 mois de travail extrêmement denses !

Selon vous, quelles sont les plus-values de ce projet pour la recherche en Bourgogne-Franche-Comté ?

Le projet est à l’image d’une recherche décloisonnée et pluridisciplinaire. Il sert le développement de l’excellence de la recherche et le développement de l’attractivité, pour les chercheurs et les étudiants. Notre souhait est de faire émerger de nouvelles thématiques de recherche en faisant sauter les barrières qui peuvent exister entre disciplines, institutions et laboratoires mais aussi entre secteur industriel et public. C’est ainsi que nous pourrons étudier le monde des microbes dans sa globalité. HARMI va également permettre de renforcer l’internationalisation avec, par exemple, la construction de partenariats internationaux, des postes de professeurs juniors tenure tracks, des chaires industrielles et des ateliers ou congrès internationaux.

Et pour la Bourgogne-Franche-Comté ?

Ce qui sert la recherche sert également la Région, et inversement. Via HARMI, nous souhaitons développer les plateformes existantes, avec de meilleurs équipements et une meilleure coordination – le tout pour qu’elles soient encore plus compétitives. Ce qui aura un impact positif direct sur le transfert de technologie.

Nous espérons aussi l’émergence de starts-up en lien avec la microbiologie. Il s’agit en effet d’un secteur très prometteur et très porteur. Pour exemple, le marché mondial – pour ce qui concerne les microbes dans l’agriculture – est estimé à 1 milliard de dollars avec une croissance à deux chiffres par an.

L’un des piliers d’HARMI concerne le lien entre Science et société : à votre avis quel rôle la recherche a-t-elle à jouer vis-à-vis de la société ?

Elle ne doit pas être une tour d’ivoire : le partage de savoir est essentiel. D’une part, pour une meilleure éducation générale et la construction d’opinion. Et d’autre part, pour lutter contre les fakes news qui pullulent…

La diffusion des savoirs scientifiques est aussi un moyen de mettre en place un cercle vertueux entre les parties prenantes concernées par les enjeux de santé, d’alimentation, d’agriculture et d’environnement. Par parties prenantes, j’entends : politiques, secteur socio-économique et citoyens. Par exemple, si notre travail de recherche démontre qu’une pratique agricole est favorable à tous ces enjeux, il est primordial que son adoption par les acteurs du monde socio-économique (comme les entreprises, industriel, etc.) soit motivée par les politiques (mesures incitatives), qui eux-mêmes sont élus par les citoyens…

* HARMI : Harnessing Microbiomes for Sustainable Development

** Agroécologie, Biogéosciences, Chrono-environnement, Procédés Alimentaires et Microbiologie, CHU de Besançon et CHU de Dijon