Le positionnement identitaire, une clef de la performance en sport ! - COMUE Université Bourgogne-Franche-Comté

Le positionnement identitaire, une clef de la performance en sport !

Image par TheOtherKev de Pixabay

[Publié le 11/04/2022]

Être bon en sport, ça n’est pas seulement avoir de bonnes capacités physiques. C’est aussi être dans de bonnes dispositions psychologiques !

Pour mieux comprendre ce que cela signifie, UBFC est allée poser quelques questions à Mickaël CAMPO, coordinateur scientifique du projet Team-SPORTS.

> L’un des objectifs du projet Team-SPORTS est d’étudier les positionnements identitaires des joueurs de sports collectifs. Qu’est-ce que le positionnement identitaire ?

Une même personne, qu’elle soit sportive ou non, peut appréhender son environnement et les situations vécues selon deux prismes. Soit le prisme de ses intérêts et caractéristiques individuels, soit celui des intérêts et caractéristiques du groupe auquel elle appartient. On parle respectivement d’identité personnelle et d’identité collective. Une identité collective, c’est par exemple, être membre d’une équipe ou d’un club, être rugbyman ou skieur, me sentir français ou d’une autre nation, etc. Une personne a donc une identité personnelle mais aussi, plusieurs identités collectives, qui peuvent être plus ou moins inclusives les unes des autres.

> En quoi le positionnement identitaire est important dans un sport collectif ?

Le positionnement identitaire, soit le « JE » pour l’identité personnelle, soit le « NOUS » pour l’identité collective, va influencer la dynamique de groupe et donc, sa performance.

Prenons un exemple : dans un sport d’équipe, pour un match important, l’entraineur me nomme remplaçant. A titre personnel, ça peut ne pas être valorisant. Je ne suis pas sûr de rentrer sur le terrain. En revanche, en tant que membre du groupe, je joue un rôle important dans le projet collectif en étant disponible à tout moment pour contribuer à la performance de l’équipe. Il peut y avoir une contradiction entre ce qui est important pour moi et ce qui est important pour le groupe : on parle alors de dissonance identitaire. Cette situation peut générer des conflits internes, qui vont jouer sur mes émotions, mes comportements et/ou mes motivations. Et ces facteurs vont influencer ma performance individuelle, et donc impacter potentiellement la performance de groupe. C’est un phénomène qu’ont très bien compris certains entraîneurs, comme Fabien Galthié avec le XV de France de rugby : plutôt que d’utiliser le terme “remplaçant”, il préfère utiliser le terme “finisseur”.

Un joueur peut passer d’un niveau identitaire à un autre : c’est ce qu’on appelle la mobilité identitaire. Elle constitue une stratégie de régulation encore méconnue de la préparation mentale plus traditionnelle, qui comprend majoritairement des approches centrées sur l’individu.

Le projet Team-SPORTS vise à identifier les leviers à activer pour faire passer un joueur d’un niveau identitaire à un autre (du JE au NOUS, et inversement) et à mesurer les répercussions sur la performance.

> Est-ce que ces notions théoriques relatives aux sports collectifs sont transposables aux sports individuels ?

Oui, les mécanismes sont identiques ! En sport individuel, même si on concourt seul, on s’entraine le plus souvent en groupe : on fait partie d’un club, d’une équipe (de France, par exemple). Du coup, les mêmes niveaux identitaires entrent en jeu.

Il y une complexité plus importante dans certains sports impliquant plusieurs épreuves, dont certaines sont individuelles et d’autres, en équipes. Idem pour les sports collectifs, où l’on peut retrouver de la concurrence interne, lorsque plusieurs joueurs occupent un même poste, et lorsqu’il y a des enjeux de contrats ou bien de sélection. Ce sont des cas de « coopétition », plus difficile à manager pour les entraineurs. Au final, les contributions scientifiques du projet Team-SPORTS sont attribuables à n’importe quel type de sport.

> En parlant de contributions scientifiques, pouvez-vous nous citer quelques études en cours ?

Dans le projet Team-SPORTS, plusieurs études sont menées en parallèle, par différents partenaires. Le projet repose sur trois démarches. La première est compréhensive : qu’est-ce qui fait qu’un joueur mobilisera l’un ou l’autre des niveaux identitaires (JE ou NOUS).

La deuxième est exploratoire : on cherche à déterminer les impacts de ces niveaux identitaires sur les facteurs de la performance. La dernière démarche est translationnelle : nous travaillons sur le développement outils et d’approches transférables sur le terrain.

Une des études en cours consiste à identifier les facteurs qui font que dans le vécu d’un joueur, il se sente plus ou moins proche des intérêts de l’équipe ou plus ou moins proche de ses intérêts personnels. Une autre étude vise à déterminer l’influence de la relation entraineur-entrainé sur l’identification des joueurs à leur équipe. Nous étudions également comment le positionnement identitaire (« JE » ou « NOUS ») va jouer sur la perception de l’effort et de la douleur, la performance physique et la perception du temps. Nous étudions également comment le positionnement identitaire influence les mécanismes de résistance à l’échec. Nous menons aussi des études plus technologiques. Nous travaillons, par exemple, sur le développement d’algorithmes permettant de traquer automatiquement les comportements de dynamique de groupe par vidéo. Nous développons également un outil de réalité virtuelle qui permet d’induire un positionnement identitaire (JE ou NOUS) par l’intermédiaire d’un environnement virtuel. Cet outil servira à la mise en place d’un programme d’entrainement mental.

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Mickaël CAMPO
Maitre de conférences & coordinateur du projet TeamSPORTS
Laboratoire PsyDREPI (université de Bourgogne / UBFC)