Portrait de chercheur - Les "fellowships" d'ISITE-BFC - COMUE Université Bourgogne-Franche-Comté

Portrait de chercheur – Les “fellowships” d’ISITE-BFC

John_Dudley

John Dudley, lauréat d’un fellowship UBFC Senior

Chercheur de renommée mondiale, John Dudley a apporté des contributions majeures dans les domaines de l’optique ultrarapide, de la génération de supercontinuum et de la science des ondes parasites. Il a publié plus de 500 contributions dans des revues et des actes de conférence ; ses recherches ont été citées plus de 10 500 fois (ISI, à l’exclusion des auto-citations) et son h-index est de 55/69 (ISI, Google Scholar). Il a reçu un certain nombre de distinctions comme la Médaille du Président de l’Institut de Physique (IOP) (2016) ou encore la Médaille Dwight Nicholson de l’American Physical Society (2017). En 2019, il a reçu le prix Harold E. Edgerton de la SPIE1 et en 2020 il a reçu le prix R. W. Wood de l’OSA2 en reconnaissance de ses contributions à l’optique non linéaire dans les fibres optiques.

En parallèle de ses recherches, il un est membre actif de plusieurs sociétés et conseils scientifiques et a enseigné à tous les niveaux (en anglais et en français), depuis les grandes conférences de premier cycle jusqu’aux cours spécialisés de deuxième cycle.

1. Lors du second appel à projets ISITE-BFC, vous avez candidaté pour un fellowship UBFC senior. Quelles ont été les motivations premières de cette candidature ?

La majorité des financements de la recherche, en France ou en Europe, sont destinés à des projets impliquant de multiples partenaires. Si cette approche est essentielle pour favoriser la collaboration, elle conduit nécessairement à des projets très structurés. C’est pourquoi, d’après mon expérience de ces dernières années, ces projets sont moins orientés vers la recherche fondamentale qu’auparavant en se concentrant naturellement sur des objectifs définis plus précisément.

L’ERC3 a bien sûr complètement changé le paysage et a connu un énorme succès, en renouvelant la culture de la recherche et valorisant celle guidée par la curiosité. La bourse de recherche senior UBFC a adopté exactement le même modèle, et c’est ce qui a motivé ma candidature. Au moment où j’ai candidaté, je développais de nouvelles expériences que je considérais personnellement comme extrêmement importantes, mais qui présentaient un risque élevé et ne se prêtaient donc pas à un financement traditionnel. L’appel à projets ISITE-BFC pour la bourse UBFC Senior est arrivé exactement au bon moment pour me permettre de commencer à développer ces idées.

2. Quels sont les atouts du projet pour lequel vous avez obtenu cette bourse vis-à-vis de l’ERC ?

Le laser a été inventé en 1960 et a véritablement révolutionné la société. La plupart des choses que nous considérons aujourd’hui comme allant de soi dans des domaines tels que les communications et les soins de santé reposent directement sur la technologie laser. Cependant, l’approche fondamentale de la conception du laser a peu changé au cours des 60 dernières années, et nous atteignons aujourd’hui les limites de ce que les développements actuels peuvent réaliser.

Les nouvelles applications dans des domaines comme la détection et l’imagerie nécessitent un nouveau type de source de lumière : une source arbitrairement réglable sur de larges gammes de longueurs d’onde et capable de générer de courtes impulsions ou une lumière continue à la demande. A l’heure actuelle, il est nécessaire de concevoir et construire un nouveau laser pour chaque nouvelle application, ce qui ralentit indéniablement le transfert des idées vers la technologie. 

Mon objectif est donc de palier à ce manque et de créer une sorte de “source de lumière universelle”. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les résultats d’autres domaines de la physique tels que l’hydrodynamique pour comprendre (et, espérons-le, dépasser) les limites de la puissance des lasers, auxquels nous appliquons des concepts issus de l’intelligence artificielle pour optimiser leur fonctionnement. En d’autres termes, nous combinons différents domaines pour obtenir une nouvelle classe de source lumineuse et générer de nouvelles connaissances sur les principes fondamentaux du fonctionnement des lasers. L’émergence d’un nouveau concept, de la multidisciplinarité et d’une physique potentiellement nouvelle s’inscrit parfaitement dans le mandat de l’ERC.

3. Selon vous, quel est le ou les points forts du programme ISITE porté par UBFC ?

À mon avis, le principal atout du programme ISITE-BFC est son influence structurante. Les différents instituts et laboratoires d’UBFC disposent de ressources considérables et leur combinaison dans le cadre d’une vision commune créera naturellement de nouvelles idées et synergies. Cela dit, les chercheurs et les professeurs sont des personnes très occupées, et il peut être difficile de trouver le temps d’explorer de nouvelles directions alors qu’il y a déjà tant à faire. C’est là qu’ISITE-BFC peut jouer un rôle essentiel en favorisant un environnement propice à l’émergence de nouveaux dialogues – non seulement entre le personnel permanent, mais aussi entre les jeunes chercheurs. Ce dernier élément est particulièrement important car c’est généralement des jeunes que viennent les nouvelles idées véritablement révolutionnaires. Grâce à ses différents mécanismes de soutien à la recherche et à l’industrie, ainsi qu’à la coordination avec d’autres projets tels que la Graduate School EIPHI-BFC, ISITE-BFC crée les bases de l’excellence régionale en matière de recherche, tant pour aujourd’hui que pour la prochaine génération.