« Objets cultes » : Le chargeur - COMUE Université Bourgogne-Franche-Comté

« Objets cultes » : Le chargeur

Le chargeur. Fourni par l’auteur

 

Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? demandait le poète.

Nos modes, nos mythes, nos rites, éditions EMS (2013). Author provided

S’ils ont une âme, il s’agit bien de la nôtre. C’est ce que démontrait le sémiologue Roland Barthes dans ses Mythologies, publiées en 1957. L’intellectuel y étudiait en effet les objets et les rites populaires qui révélaient l’esprit d’une époque et les affects collectifs du pays, inventant ainsi une nouvelle manière de faire de la sociologie, accessible, impertinente et ludique. La DS, le steak-frites, les jouets en plastique… rien n’échappait à sa sagacité.

Aujourd’hui, ces objets ne sont plus les mêmes et la globalisation à grandement changé la donne. Mais l’exercice lui, n’a pas pris une ride et c’est Pascal Lardellier, professeur de sociologie à l’université de Bourgogne, auteur entre autres de Nos modes, nos mythes, nos rites qui se penche sur nos objets cultes.

Il suffit d’un pourcentage faible, d’une prise de courant introuvable, d’un chargeur oublié ou d’une barre de chargement qui disparaît et notre pouls s’accélère. Bientôt plus de batterie. Nous sommes tellement reliés à nos joujoux technologiques, tellement dépendants de nos ordinateurs et de nos smartphones qu’un défaut d’alimentation est souvent de nature à provoquer un stress disproportionné, voire un début de panique. Que dit de nous cette addiction au chargeur et à la batterie pleine ?

Références
Loire-Atlantique : estimant son téléphone portable insuffisamment chargé, il assène quatre coups de couteau à son meilleur ami, actu.fr, 2022.

Extraits
● « Scaffold of Repeated Addition », One Man Book, 2022.


Crédits : conception et animation, Sonia Zannad ; réalisation, Romain Pollet ; chargé de production, Rayane Meguenni.

Sonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation France et Pascal Lardellier, Professeur à l’Université de Bourgogne France-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.