Portrait de chercheur – Les « fellowships » d’ISITE-BFC - COMUE Université Bourgogne-Franche-Comté

Portrait de chercheur – Les « fellowships » d’ISITE-BFC

Juliette YOUNG, tenure track ISITE-BFC

Juliette YOUNG

Scientifique interdisciplinaire, Juliette Young s’appuie sur plus de 15 ans d’expertise en sciences écologiques et sociales pour mieux comprendre les systèmes socio-écologiques. Ses principaux domaines d’expertise portent sur une meilleure compréhension et gestion des conflits liés à l’utilisation des terres, ainsi que sur l’amélioration de l’articulation entre science, politique et société. Elle était jusqu’à récemment une coordinatrice du projet Eklipse (financé par la Commission Européenne dans le cadre du programme H2020) dont l’objectif est de définir un mécanisme science-politique lié à la biodiversité et aux services écosystémiques. Elle est aussi experte nationale sélectionnée pour deux groupes de travail d’experts de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique pour la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) et membre fondatrice du groupe de travail de l’UICN sur les conflits entre l’Homme et la faune sauvage. En septembre 2019, elle obtient un fellowship international : le projet ainsi financé réunit ses intérêts concernant les conflits et l’interface science-politique-société à travers une meilleure compréhension du rôle des conflits pour aborder les transformations actuelles de l’agriculture.

1. Lors du premier appel à projet d’ISITE-BFC, vous avez candidaté pour un fellowship UBFC Junior. Quelles ont été les motivations premières de cette candidature ?

Les motivations de ma candidature pour la bourse Junior Fellowship étaient doubles. D’une part, cette bourse m’offrait l’opportunité de développer un projet de recherche sur un sujet qui m’intéressait beaucoup, à savoir le rôle des conflits dans les transformations agricoles. Ce type de projets interdisciplinaires que je mène sur les conflits, ainsi que ceux situés à la jonction entre science, politique et pratique, ne s’inscrit pas facilement dans les modalités de sources de financement existantes. En cela, l’appel à projets d’ISITE-BFC, ouvert aux projets interdisciplinaires, est apparu comme une occasion à ne pas manquer. D’autre part, la générosité de la bourse me permettait de constituer un véritable groupe de recherche. J’ai d’ailleurs pu engager d’excellents post-docs qui ont déjà largement contribué à la réflexion et aux résultats du projet soutenu.

2. Pouvez-vous expliquer votre rôle au sein du laboratoire que vous avez choisi d’intégrer ?

Dans le cadre de cette bourse, j’ai intégré le laboratoire Agroécologie sous la tutelle de l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE), basée à Dijon. C’est un laboratoire brillant dans lequel travailler, car mes collègues, qui ont été par ailleurs très accueillants, disposent d’une énorme connaissance au sujet d’un large éventail de questions liées à l’agriculture et à l’environnement – ce qui est essentiel pour le projet. Ce dernier vise à comprendre comment naviguer vers des transformations agricoles durables. Dans ce cadre, nous soutenons que les conflits entre acteurs sont un aspect important qui, s’il est reconnu et traité, peut en fait augmenter la probabilité de parvenir à des transformations agricoles durables. Nous espérons tester cette hypothèse et proposer des applications pratiques à travers trois études de cas en Bourgogne-Franche-Comté. Mes collègues de l’INRAE nous ont été d’une aide précieuse pour élaborer notre cadre théorique, mais aussi pour suggérer des études de cas dans lesquelles nous pouvons tester notre approche. Au-delà de ce projet, je suis très heureuse de pouvoir contribuer aux propositions et aux projets menés au sein du laboratoire, en apportant mon expertise sur les conflits environnementaux et les interfaces science-politique-société.

3. Selon vous, quel est le ou les points forts du programme I-SITE porté par UBFC ?

De mon point de vue, le principal atout du programme ISITE-BFC est qu’il favorise une approche transdisciplinaire dans le but de relever les principaux défis sociétaux. Il encourage une plus grande intégration des sciences naturelles et sociales mais aussi, l’interaction entre les acteurs de la science et de la société civile, et ce afin de donner plus de cohérence et de cohésion aux actions menées. Dans mon cas, j’ai trouvé que l’accent mis sur la transition socio-écologique était très intéressant, d’autant plus qu’il correspond parfaitement à mon parcours de recherche et à mes objectifs.

Un autre point fort du programme est son orientation internationale. Dans notre projet, il a déjà été mis en œuvre en faisant appel à un certain nombre de scientifiques du monde entier (Australie, Finlande, Royaume-Uni, Inde, Allemagne, Autriche, Belgique, Italie) en tant que conseillers et partenaires. Nous avons déjà publié un article avec l’équipe de recherche et nos partenaires, en tant que co-auteurs ; nous espérons poursuivre cette collaboration tout au long du projet.

Enfin, un autre atout clef du programme est de pouvoir bénéficier de la richesse des expériences et de l’expertise en sciences naturelles et sociales de la région Bourgogne-Franche-Comté. Dans notre projet, nous avons déjà bénéficié de cette expertise, à la fois au sein du laboratoire Agroécologie (INRAE, UBFC, uB, AgroSup Dijon), mais aussi grâce à la collaboration avec les chercheurs en sciences sociales du Centre d’Économie et de Sociologie appliquées à l’Agriculture et aux Espaces Ruraux (CESAER / INRAE, AgroSup, UBFC).

Quelques articles phares de Juliette YOUNG :

Skrimizea, E., Lecuyer, L., Bunnefeld, N., Butler, J.R.A., Fickel, T., Hodgson, I., Holtkamp, C., Marzano, M., Parra, C., Pereira, L., Petit, S., Pound, D., Rodríguez, I., Ryan, P., Staffler, J., Vanbergen, A.J., Van den Broeck, P., Wittmer H. & Young, J.C. 2020. Sustainable agriculture: Recognizing the potential of conflict as a positive driver for transformative change. Advances in Ecological Research 63: 255-311, https://doi.org/10.1016/bs.aecr.2020.08.003

Vanbergen, A.J., Aizen, M.A., Cordeau, S., Garibaldi, L.A., Garratt, M.P.D., Kovács-Hostyánszki, A., Lecuyer, L., Ngo, H.T., Potts, S., Settele, J., Skrimizea, E., Young, J.C. 2020. Transformation of agricultural landscapes in the Anthropocene: Nature’s contributions to people, agriculture and food security. Advances in Ecological Research 63: 193-253, https://doi.org/10.1016/bs.aecr.2020.08.002.

Salvatori, V., Balian, E., Blanco, J.C., Ciucci, P., Demeter, L., Hartel, T., Marsden, K., Redpath, S.M., von Korff, Y., Young, J.C. 2020. Applying participatory processes to address conflicts over the conservation of large carnivores: understanding conditions for successful management. Frontiers in Ecology and Evolution 8 : 182.

Young, J.C., McCluskey, A., Kelly, S.B.A., O’Donoghue, B., Donaghy, A.M., Colhoun, K., McMahon, B.J. 2020. A transdisciplinary approach to a conservation crisis: A case study of Eurasian curlew (Numenius arquata) in Ireland. Conservation and Practice. https://doi.org/10.1111/csp2.206

Ainsworth, G.B., Redpath, S.M., Wernham, C.V., Wilson, M.W., Young, J.C. 2020. Integrating scientific and local ecological knowledge to address conservation conflicts: towards a practical framework based on lessons learned from a Scottish case study. Environmental Science and Policy 107: 46-55.