Gaël Matten - La start-up qui… va faire du bruit - COMUE Université Bourgogne-Franche-Comté

Gaël Matten – La start-up qui… va faire du bruit

Gaël Matten / © Patrice Bouillot - La Plume & le Micro
Docteur en mécanique de l’université de Franche-Comté (UFC) et ingénieur diplômé de l’ENSMM, Gaël Matten a mis au point un dispositif d’absorption des ondes sonores dont les applications sont prometteuses, notamment dans les secteurs du bâtiment ou du tertiaire. Il lance la start-up Vibiscus, après avoir remporté des prix au « Chercheur entrepreneur challenge » et au concours i-PhD.

Qui n’a jamais vécu l’expérience pénible, dans un open space, d’être assis à côté d’un voisin un peu bruyant dès qu’il parle au téléphone. Imaginez un paravent léger dressé entre votre bureau et le sien qui arrête les sons. Grâce à cette invention de Vibiscus, vous verriez toujours votre collègue, mais ne l’entendriez plus. La start-up de Gaël Matten est issue de l’institut FEMTO-ST (Franche-Comté Électronique Mécanique Thermique et Optique – Sciences et Technologies). Elle propose un ingénieux dispositif de lutte contre les bruits indésirables qui révolutionne l’acoustique, en introduisant une technologie de rupture dans les dispositifs d’absorption sonore. Vibiscus (comme « vibrations » et « hibiscus », la fleur qu’il aime beaucoup) se lance aujourd’hui sur le marché après plusieurs années de recherche et développement.

Gaël Matten, 31 ans, originaire des Vosges, a posé ses valises à Besançon quand il a été admis à l’École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques (ENSMM), après une prépa à Strasbourg. Depuis son enfance, il adore expérimenter et inventer. Il a participé au concours du magazine Sciences & Vie Junior. Il aime déjà le mélange des genres, le mariage de l’électronique, de la mécanique et de l’informatique. Son stage de fin d’études, il l’effectuera à l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera), où il travaillera sur un projet de mini-drones qui lui rappellera l’ENSMM, période durant laquelle il présidait le club drones. En parallèle de sa formation d’ingénieur, il passe avec succès un master de recherche en mécatronique et microsystèmes à l’université de Franche-Comté (UFC), établissement membre d’Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC). Et il poursuit, en thèse, au sein de l’institut FEMTO-ST. Son sujet : la conception de systèmes de contrôle des ondes robustes aux incertitudes, grâce à des matériaux programmables piézo-électriques. C’est dans ce contexte qu’il s’intéresse de près à l’acoustique, en particulier à ces surfaces dont le comportement peut être modifié pour les rendre plus ou moins absorbantes au bruit. Le projet est prometteur. La région Bourgogne-Franche-Comté le soutient pendant les deux années de sa phase de pré-maturation. La preuve de concept est faite, un brevet déposé. Gaël Matten se décide alors à se lancer dans la création de sa start-up. Cette fois, c’est CNRS Innovation qui le repère et l’accompagne via son programme Rise. Conseils, appui, mise en relations ont été « précieux », confie le jeune scientifique, qui se glisse en même temps dans la peau de l’entrepreneur. Il effectue son post-doc dans le cadre du dispositif « Itinéraire chercheur entrepreneur » (ICE) porté par UBFC et se forme à HEC Paris.

L’invention brevetée, c’est un ensemble de membranes couplées à un dispositif électronique, permettant de régler la capacité desdites membranes à absorber les basses fréquences, ces sons les plus graves qui peuvent vite devenir pénibles et génèrent de la fatigue. Ces membranes sont placées dans de petits blocs de 5 centimètres de côté, qui peuvent être juxtaposés pour constituer une surface capable d’absorber les bruits dans des installations techniques (climatisations, ventilations, etc.) ou dans des pièces, sous forme de murs ou de paravents. Fini les épaisses couches de mousse nécessaires pour obtenir une isolation phonique efficace ! Avec des applications envisageables dans les bureaux en open space ou les restaurants par exemple. Techniquement, le système fonctionne mais, pour construire une entreprise prospère autour de ce concept, il faut des fonds. Environ 1 million d’euros au total. Alors Gaël Matten enchaîne avec succès la participation à des concours. Il remporte la finale régionale du CEC (Chercheurs entrepreneurs challenge) organisé par l’AEF en 2019. Puis il obtient l’un des sept grands prix nationaux du concours i-PhD organisé par la Banque publique d’investissement (BPI France). « Ces prix nous donnent de la crédibilité, ils inspirent confiance à nos interlocuteurs, à nos futurs partenaires, aux investisseurs. Notre marché est immense et mondial. Il concerne aussi bien les bâtiments neufs qu’anciens. Dans le tertiaire, on sait que des bureaux bien isolés phoniquement sont plus attractifs. Notre produit permet à des propriétaires de valoriser leur bien sur un marché immobilier de plus en plus concurrentiel avec le développement du télétravail. Nous avons l’ambition de devenir un leader dans notre secteur. »

Après la pré-maturation, direction l’incubateur. Vibiscus est hébergé au sein de DECA-BFC, où il bénéficie de l’accompagnement d’un chargé de projet. L’entreprise sera officiellement créée d’ici en avril 2021 par Gaël Matten et son associé Robin Rivaton, fort d’un profil commercial et financier. Deux chercheurs du CNRS et de l’ENSMM, Morvan Ouisse et Manuel Collet, jouent le rôle de conseillers scientifiques, et un stagiaire devrait bientôt rejoindre la petite équipe. Les premiers tests chez des clients devraient être mis en place au premier trimestre, dans le cadre d’un partenariat avec un partenaire parisien. Le prochain défi, c’est le concours iLab de BPI France auquel participe la jeune entreprise. L’année 2021 sera décisive pour Vibiscus.