Attachement émotionnel
Chloé Laubu a appris à ses poissons à faire le distingo entre deux boîtes reconnaissables à leurs couvercles blancs ou noirs, l’une vide, l’autre contenant une friandise (un ver de vase). Très vite, les petits cichlidés zébrés apprennent à ouvrir rapidement la boite récompensée, tandis qu’il sont beaucoup plus lents à ouvrir l’autre… Mais que se passe-t-il quand on leur propose une boite de couleur ambigüe, grise, en l’occurrence ? Les chercheurs partent du principe que le temps qu’ils mettent à ouvrir cette boite « ambigüe » est un indicateur de leur état émotionnel. Les « optimistes » devraient être plus enthousiastes que les « pessimistes » et l’ouvrir plus rapidement. Chloé Laubu a donc comparé les performances de poissons ayant été, ou non, séparés de leur partenaire. Ces derniers se montrent bel et bien plus « pessimistes » et tardent davantage à ouvrir la boite, preuve que la séparation a affecté leur état émotionnel.
« L’attachement au partenaire est un des premiers critères définissant l’mour romantique, qui est généralement considéré comme propre à notre espèce, explique François-Xavier Dechaume-Moncharmont, directeur de recherches. Cette étude semble indiquer que l’on retrouve peut-être un sentiment semblable chez d’autres espèces. »
L’éthologie s’attache à comprendre l’intérêt de certains comportements, du point de vue de l’évolution. Alors quelle est la fonction adaptative de l’attachement entre les partenaires d’un couple ? Il favorise le succès reproducteur chez les espèces qui nécessitent des soins aux jeunes de la part des deux parents pendant une longue période, chez ce petit poisson… comme chez l’homme.